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— Ah ! oui, la petite Flory !… Il paraît que…

Il parlait à l’oreille de son voisin et ses vilains yeux s’allumaient.

Noël perçut des fragments de phrases, une épithète ignoble, et il eut envie de gifler l’homme blême. Mais Foucart et Bersier étaient près de lui.

— Qu’est-ce que vous fichez ici, Delysle ?… Ce n’est pas votre métier de subir les répétitions et les premières !…

— Je suis l’ami de l’auteur, l’ami résigné, sans rancune, qui ne débine pas, qui a eu la lâcheté d’applaudir et qui se sauve.

— Descendons ensemble. Nous prendrons un bock.

Ils s’installèrent dans un coin, au café du théâtre. Foucart portait beau, parlait fort et plastronnait, et découvrait partout des gens qui étaient, avaient été, ou voudraient bien être de ses collaborateurs, des gens qui se faisaient humbles devant lui, ou timides ou trop aimables. Le petit Bersier, imberbe et rose, fier de sa belle raie et de sa belle mèche sur le front, acquérait, par reflet, un peu de l’importance du patron.

— Ce bon Popinel ! dit Foucart. J’aurais parié cent sous qu’il se ferait « emboîter »… Eh bien, elle n’est pas mal sa pièce, pour un début… Il y a des scènes adroites, des mots, une situation !… Et c’est très bien joué… Oui, la fin est un peu bêbête, mais si habilement arrangée qu’on ne s’en aperçoit pas tout de suite… Et vous avez vu ?… ces tirades contre la liberté de l’amour, cette apologie de la vertu, de la pureté, la grande scène du milieu du second acte ?… ça portait !… Je vous le disais bien. Bersier, on a fait