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réagi… Je ne suis pas méchant, tu le sais bien !… Et, depuis, je me suis juré d’être le meilleur ami de Claude, de le considérer, dès à présent, comme mon fils, de l’élever avec soin… et peut-être… avec tendresse… J’ai formé des projets pour lui, que tu connaîtras… Je voulais t’en parler ce soir-même… Josanne, me crois-tu, me pardonnes-tu ?…

— De tout mon cœur… Et pourtant !…

Elle frémissait.

— Quelle maladie effroyable, la jalousie !… Toi, un homme si droit, si généreux, tu as presque souhaité qu’un pauvre petit enfant… mon enfant… Oh !…

— Ne m’accable pas, Josanne !… J’ai beaucoup souffert. C’est mon excuse.

— Et moi qui t’avais vu souffrir, je craignais de provoquer, ce soir, une nouvelle crise… Mais, sous tes lèvres, mon chéri, la confidence est montée à mes lèvres… Il faut que tout nous soit commun, joie et douleur… Noël !

Elle le tenait embrassé, et il voyait luire ses prunelles humides.

— Noël, je me mets, avec mon enfant, sous ta protection. J’en appelle à ta générosité contre ta jalousie… Je te confie mon petit Claude. Jusqu’ici, tu l’as toléré seulement… Mais je crois, je sais qu’un jour, bientôt, tu l’aimeras ! Lui, déjà, il t’aime… Il ne connaîtra que toi ; il ne chérira que toi ; il recevra de toi seul l’éducation, les idées, qui constituent la paternité véritable. Il sera le fils de ton esprit et de ton cœur, si tu veux… C’est un enfant ; il n’a pas de passé ; il n’a pas de mémoire. Sa petite âme est toute blanche…