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droit, et même mon devoir, de ne pas accroître ton inquiétude… de ne pas t’aigrir contre Claude…

— Mais qu’y a-t-il, enfin ? Explique-toi ! s’écria Noël. Qu’est-ce que tu voulais me cacher ?

— Eh bien… Il est venu…

— Qui ?

— Maurice Nattier.

Elle avait jeté ce nom, sans réfléchir, parce qu’elle l’avait au bord des lèvres. Noël répéta :

— Maurice Nat…

Et soudain, il comprit.

— C’est… c’est lui ?…

Josanne soupira un « oui » vague… Noël s’était redressé. Accrochée à lui, elle cessa de gémir et de pleurer, mais il sentait la pression convulsive des bras noués autour de lui, la tiédeur du visage en larmes qui s’écrasait contre son cou. D’un geste, il brisa l’étreinte.

— Tu l’as reçu ?

Ils étaient assis au bord du lit, côte à côte, dans les demi-ténèbres. La figure de Noël apparaissait, sous le reflet mauve et papillotant, figure livide, que Josanne reconnaissait… Un autre soir, après la terrible confession, elle avait vu ce masque d’angoisse, ces yeux fixes et indignés, ces lèvres pâles… Elle cria :

— Non !… non !… je ne l’ai pas reçu ; je ne le recevrai pas… Il est venu au journal, hier, en mon absence… J’ai trouvé sa carte, aujourd’hui… Voilà tout, absolument tout, je te le jure… Tu me crois, mon amour, dis, tu me crois ?

— Il est venu… Vraiment, il a de l’audace !… Et pourquoi ?… Que te voulait-il ?