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d’amour s’effeuille entre nos mains, comme une rose qui nous aurait donné tous ses parfums et que nous ne respirerons jamais plus ?… N’as-tu pas un regret pour lui ?… Quand je reviendrai de Lusignan, les jours seront plus courts, les soirées plus froides : nous n’irons plus au Bois, Josanne !… Et ce sera bientôt le temps des causeries au coin du feu… Alors nous travaillerons ensemble… Tu liras, par-dessus mon épaule, les choses très ennuyeuses que j’écrirai… Tu me conseilleras, quelquefois… Et ce sera très doux… Puis un autre printemps fleurira ; puis un autre été… Mais nous ne revivrons plus les jours de Chevreuse…

Tendre, plus tendre que de coutume, il baisait les cheveux de Josanne, et l’entraînait vers le lit profond.

— Josanne, c’est l’été encore, ce soir…

Elle résistait un peu à son étreinte, et lui rendait languissamment ses baisers. Il demanda :

— Qu’as-tu donc ?… Je t’ennuie !… Tu es fatiguée ?… Je ne t’ai jamais vue ainsi…

— Oh ! mon Noël…

Elle pleurait, cramponnée à son amant, comme pour chercher en lui un refuge.

— Écoute… Je ne voulais pas te le dire… mais, dès que tu m’as tenue contre ton cœur, j’ai senti que je ne pourrais rien te cacher… J’ai trop bien pris l’habitude des confidences : le moindre secret m’étouffe ! Oh !… mon ami chéri, si tu savais !…

— Quoi donc ?…

— Je ne voulais pas te le dire… J’avais peur de toi… à cause du petit… Je me rappelais notre discussion de l’autre soir… Et je pensais que c’était mon