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gré d’être généreux, de ne ressentir aucune aversion pour ce petit Claude… Est-ce que je vais le haïr, maintenant ?… Est-ce que je vais être jaloux de l’avenir comme je suis jaloux du passé ? Si Josanne connaissait mes pensées, elle serait indignée, — et elle prendrait peur… Elle aurait ce mouvement de tête, ce regard d’inquiétude et de défi, cet air étranger que je lui ai vus, hélas ! quand elle défendait encore contre moi ses droits, son passé… l’ancien amour… »

— Tu es bien silencieux, mon Noël, dit-elle, de sa voix caressante. À quoi penses-tu ?

— À rien… des choses vagues… des folies…

— Des folies ?… Mais ce n’est pas « rien », des folies ?… Raconte.

— Eh bien ! dit-il avec douceur, je me demandais, ma chérie, si ce serait un bonheur pour nous d’avoir un enfant.

— Un bonheur ?… Oui, peut-être… Mais pas tout de suite…

— Pourquoi ?

— Parce que tu me suffis, que je suis contente de vivre pour toi et pour moi… Et cela m’étonne, que tu aies eu, tout d’un coup, ce désir de paternité !… Je t’ai entendu dire, à maintes reprises, que les enfants t’ennuyaient.

— Les enfants des autres, oui !… D’ailleurs, je ne considère pas l’enfant en lui-même : je ne vois que l’intérêt de mon amour, un lien nouveau, très fort, définitif, entre nous…

— Notre amour n’est-il pas très fort et définitif ?…

— Dis la vérité, Josanne, tu ne souhaites pas d’enfant ?