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Il lui répondait qu’elle était folle, et qu’elle devait avoir toute confiance en elle-même, et en lui…

D’autres fois, des paroles qui voulaient exprimer la gratitude montaient aux lèvres de Josanne.

— Ah ! disait-elle, je t’assure qu’autrefois j’étais toute différente… Je n’ai été à personne comme je suis à toi…

À son grand étonnement, ces déclarations rassurantes n’enchantaient point Noël.

Il répondait :

— Parbleu ! je l’espère bien…

Cette phrase, qui impliquait une comparaison, le blessait, lui rappelait que Josanne avait appartenu à deux hommes…

Une scène éclatait, s’achevait par des larmes de Josanne… Elle trouvait Noël exagérément susceptible, injuste, déraisonnable, et elle essayait de lui expliquer que le passé était une part d’elle-même, qu’elle ne pouvait ni s’oublier ni se renier elle-même : pourquoi n’acceptait-il pas un fait si naturel ? Non, il ne voulait pas l’accepter. Il attendait un impossible miracle, et, dans les réconciliations éperdues qui le rejetaient vers Josanne, il gardait encore une méfiance qui était la rançon de sa joie, le poison de sa volupté. À la jalousie sentimentale qu’il avait connue s’ajoutait maintenant l’acre jalousie physique… Et Noël devait épuiser cette jalousie comme il avait épuisé l’autre…

Il était sûr d’être aimé. Il trouvait une amie incomparable dans sa délicieuse maîtresse… Il aurait dû être heureux… Pourquoi n’avait-il que des bonheurs momentanés, entre des jours de détresse ?… Pour-