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ces mêmes termes ou à peu près… Ça vous scandalise ?…

— Dame !… c’est fort !…

— Pas plus fort que les théories de madame Gonfalonet ou de mademoiselle Otchipoff… Chère mademoiselle Bon, si j’ai négligé mes devoirs professionnels, comme vous le dites, — et je reconnais que vous dites vrai, — j’ai eu tort : je mérite un blâme… Mais quant à mon amour, c’est une affaire personnelle… À quoi vous sert d’être « affranchies », vous et ces dames de la « Fraternité », si vous ne mettez jamais vos théories en pratique ? Me refusez-vous votre estime parce que j’aime qui m’aime !

— Non certes, mais…

— Me la refuserez-vous, parce que je n’épouse pas mon amant ?

— Hélas ! Josanne, vous, un amant !…

— Le mot vous offusque ?… Je devrais dire « mon compagnon », ou : « mon ami ». Je n’ai pas d’hypocrisies de langage… Et je souhaite à cette bringue d’Otchipoff un amant comme…

Elle riait de tout son cœur, dans la rue ensoleillée où s’allongeait son ombre près de l’ombre gesticulante de mademoiselle Bon. Son écharpe de gaze noire ondulait autour de son buste. Un bouquet d’œillets, à sa ceinture, s’effeuilla…

— Vous, mademoiselle, vous êtes une sainte libre penseuse… Je vous vénère… Mais vos collègues, ce sont les bigotes du féminisme… Elles m’agacent… Que madame Gonfalonet me réprimande ! Je lui répondrai…

— Quoi ?