Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/301

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Et ses yeux, ses bras frêles, sa taille qui plie, ses épaules qui se resserrent, semblent prier :

« Je suis faible et je suis à vous. Ne me faites point de mal… »

Elle n’est plus Josanne Valentin ; elle est la femme devant l’homme, et elle fait le geste instinctif, séculaire, de retenir le vêtement qui s’ouvre et glisse. Elle attend que son amant la flatte et la rassure comme une douce bête effrayée, qu’il l’apprivoise, qu’il l’étourdisse enfin et qu’il l’enivre…

Noël répète :

— Mon amour !

Josanne surprend une fêlure dans la voix chérie, et elle sent que Noël, en ce peu de minutes qu’il a passées loin d’elle, a changé. Pendant qu’elle dénouait pour lui ses cheveux et sa ceinture, lui, errant dans le jardin, n’a pas su se défendre d’une pensée qu’il ne veut pas dire, qu’il ne peut pas dire… Maintenant, cette pensée a pris une forme, un nom ; — Josanne et Noël ne sont plus seuls dans la chambre…

Elle a envie de lui dire :

« Que regardez-vous au delà de mes yeux ?… Qu’entendez-vous au delà de mon souffle et du battement de mon cœur ? Il y a entre nous une ombre et c’est vous qui l’évoquez… Chassez-la, cette ombre qui nous sépare… Ou bien laissez-moi… Attendons, puisque vous ne croyez pas me posséder tout entière, puisque tout mon amour n’est pas tout votre bonheur…

Mais Noël l’emporte dans ses bras, et elle ne peut que frémir de tout son corps dévoilé qu’elle ne défend plus… Quelle mélancolie tombe du plafond bas, des angles obscurcis de la chambre ! Josanne ferme les