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XXX


Le vieux cocher, avec sa vieille voiture et son petit cheval gris, vint chercher Noël et Josanne à la gare de Chevreuse. C’était une journée sans soleil, chaude, voilée, un peu triste. Un ciel blanchâtre assombrissait les verts proches des bois, les bleus lointains des collines. Les rosiers, aux seuils des maisonnettes, dispersaient leurs roses jaunes, et midi engourdissait la terre, lasse de porter l’été pesant.

Le jardin de l’auberge, à côté du potager, était plein de kiosques et de tonnelles, comme ces jardins romantiques où, le dimanche, allaient Marcel et Musette, Rodolphe et Mimi. Sous les tonnelles, il y avait des tables rustiques, posées sur un tronc d’arbre, des bancs de bois un peu moisis que verdissait l’ombre humide, La pensée de Josanne tournoyait dans sa tête fatiguée, s’arrêtait parfois pour une contemplation confuse. Des images se fixaient indélébiles, dans