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je ne veux pas que tu m’embrasses, je veux que tu me répondes !

— Quoi ? Que puis-je te dire ? Tu souffres ?… Me crois-tu donc très heureux ? C’est la fatalité de notre situation. Nous avons fait une folie… Oh ! je ne la regrette pas ! Mais c’était une folie tout de même… J’aurais dû être plus fort, plus maître de moi !… J’aurais dû m’éloigner… Que de malheurs évités !… Tu vois ; je ne suis pas injuste, puisque j’avoue mes torts.

— Mais tu n’es pas heureux ! dit-elle dans un sanglot. C’est cela, Maurice, qui est épouvantable !… Après tout ce que j’ai supporté, — et sans me plaindre ! — pour l’amour de toi, je t’entends dire que tu n’es pas heureux !… Malgré tout, je ne regrette pas de t’avoir aimé… Je regrette seulement que tu ne m’aies pas aimée davantage…

— Je t’ai beaucoup aimée, Josanne…

— Ah ! pas assez, puisque tu as des regrets !… Mais, dis-moi, franchement, qu’ai-je fait ? En quoi t’ai-je déplu ?… Me reproches-tu quelque chose !… Je t’ai fidèlement aimé, mon chéri ; je n’ai pas encombré ta vie ; je ne t’ai rien demandé, que ta tendresse… Tu n’as su de mes chagrins et de mes souffrances que ce que je ne pouvais pas, absolument pas, te cacher… L’enfant même… oh ! laisse-moi te parler de lui !… je croyais qu’il serait un lien entre nous, un lien si fort !…

— Mais je ne te reproche rien, ma pauvre Josanne !… Tu as été parfaite… Cependant… Tu parles de l’enfant !… N’aurait-il pas mieux valu, pour toi, que ce petit ne vînt pas au monde ?… Et, pour moi, quelle responsabilité !