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seule, et toutes mes peines — nos peines — sont oubliées quand vous me regardez avec des yeux adoucis, quand vous me dites : « Mon amour… » Il y a encore bien de la mélancolie en nous, mais nous nous rapprochons chaque jour, et nous apprenons à nous comprendre, à nous accepter l’un l’autre… L’espoir du bonheur, Noël, c’est déjà le bonheur,

— Josanne, vous êtes une femme délicieuse…

Ils étaient assis côte à côte, sur le divan. Le crépuscule d’été, humide et chaud, alanguissait la jeune femme. Elle s’appuyait aux coussins, les bras demi-nus, la taille libre dans sa robe lâche et légère.

« Oui, pensait Noël, achevant pour lui-même la phrase qu’il n’osait articuler, oui, délicieuse et touchante, et désirable… »

Ses yeux d’amant caressaient Josanne, et, chastes encore, s’enhardissaient, se détournaient, puis revenaient aux cheveux obscurs, au cou baigné d’ombre, à l’enroulement délicat de l’oreille, au corps voilé, qui devait être, dans le mystère compliqué des vêtements, comme une rose blanche sous des feuilles… Et Noël songeait que Josanne était femme, qu’elle lui appartiendrait…

Elle reprit :

— Je vous aime tant ! Depuis que je suis vôtre, je veille sur moi si jalousement ! Ainsi, je ne permets plus au petit Bersier des plaisanteries pourtant bien innocentes que je supportais autrefois…

— Le petit Bersier vous fait la cour ?

— Mais non !… Calmez-vous !… Bersier ne me fait pas la cour… Il flirte… c’est-à-dire qu’il flirtait !… Je lui ai dit que ces manières ne me plaisaient pas,