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— Oui, j’ai cité une phrase de la Travailleuse… pour le plaisir de dire votre nom… C’est plus fort que moi… Je ne peux pas m’empêcher de parler de vous…

— Ma chérie !

— Mademoiselle Bon l’a bien remarqué… Je ne me gêne guère devant mademoiselle Bon…

— Et devant Flory ?

— Un peu plus…

— Pas beaucoup ?

— Pas trop… Flory n’est pas bête… Il y a beau temps qu’elle a deviné notre… sympathie… Et Foucart !… Il me demande d’un ton poli, trop poli même pour n’être pas ironique : « Savez-vous si Noël Delysle est encore en France ?… On ne le voit plus… »

— Et vous répondez ?

— Je réponds : « Certainement, monsieur Delysle est en France. »

— Et vous rougissez ?

— Comme une petite fille… Aussi mes camarades du Monde Féminin supposent… ce qui n’est pas…

— Et cela ne vous contrarie point ?

— Moi !… Et pourquoi donc ?… Je voudrais le crier à tout l’univers que je vous aime.

— Alors, vous ne regrettez rien ?

— Que pourrais-je regretter ? Je suis si heureuse !

— Si heureuse ?… Mon pauvre amour ! Vous êtes heureuse, malgré tout, malgré ce méchant ami, exigeant, irritable, qui vous fait pleurer, quelquefois ?

— Malgré tout, malgré vous, oui, je suis heureuse… Je me sens aimée, j’aime ; je ne suis plus