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avez bien fait de venir !… Il me semblait que je ne vous reverrais jamais !… Quelle nuit cruelle !

Elle avait redouté un accueil glacial, et Noël lui serrait les mains, lui parlait sans colère, la remerciait d’être venue… Elle fut si déconcertée, si heureuse, que les larmes lui montèrent aux yeux. Elle oublia les paroles qu’elle avait préparées, et elle demeura muette, regardant le jeune homme, comme Marthe et Marie regardèrent Lazare ressuscité.

Elle dit enfin :

— Ah ! Noël, si vous saviez !…

— Ma pauvre Josanne, je ne demande qu’à savoir… Vous avez beaucoup à me dire, j’en suis sûr, et hier je vous ai mal écoutée… Il y a un trou noir dans mes souvenirs… J’ai perdu la mémoire et la raison pendant quelques heures… Je vous ai quittée ; j’ai marché longtemps. Je me suis retrouvé à ma porte, abruti de fatigue. Le petit jour venait…

— Moi aussi, j’ai vu venir le petit jour…

— J’étais bien malheureux, bien misérable…

— Et moi !…

— Mais j’étais plus calme, et il y avait, dans ce chaos de ténèbres où je me débattais, une lueur !… Je me disais : « Il faut que j’entende Josanne, que je la comprenne, que je tâche d’être juste et d’être bon… »

— Ah ! Noël, je vous retrouve ! Je vous bénis pour cette parole !… Soyez juste, soyez bon ! Notre bonheur dépend de vous… essayez de comprendre…

— C’est mon seul désir : comprendre !… Ah ! vous n’aurez pas besoin de vous chercher des excuses ! J’en découvrirais pour vous… Mais il y avait, dans