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car, à vrai dire, son chagrin sincère, ses regrets sincères n’étaient pas du repentir… Elle ne se persuadait pas qu’elle avait commis un acte infâme, et qu’elle ne pourrait échapper au mépris que par le remords, la pénitence et l’humilité. Elle ne ressentait rien qui ressemblât à de la contrition chrétienne et elle ne voulait pas être aimée par pitié, par faiblesse. Elle aussi avait de l’orgueil !


Elle entra dans la maison que Noël habitait, dans l’ombre froide de l’escalier de pierre, et le tintement de la clochette lui remua le cœur. Un domestique ouvrit :

« Monsieur ne pouvait pas recevoir… Monsieur dormait encore… Il était rentré tard dans la nuit… »

Josanne répliqua :

— Bien. J’attendrai…

Le domestique essaya de protester :

« Il avait des ordres… Monsieur serait fâché, peut-être… »

Mais Josanne répondit :

— Non, monsieur ne sera pas fâché… C’est pour une affaire très importante. Ne le réveillez pas… J’attendrais aussi longtemps qu’il faudra.

— Et qui annoncerai-je à monsieur ?

— Madame Valentin.

Le domestique eut un vague sourire : il avait porté tant et tant de lettres au nom de madame Valentin !

… Elle était seule dans ce grand cabinet de travail qu’elle croyait reconnaître. Toutes choses lui étaient devenues familières, à travers les récits de Noël. Ses