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— Parce que vous l’aimiez encore !

— Je ne sais pas… Mais depuis que je vous connais, Noël, jamais…

— Enfin, c’est fini dans votre vie, fini dans votre cœur ?… Il ne reste aucun lien, aucun souvenir…

En prononçant ces mots, il vit que la figure de Josanne se décolorait, se creusait, devenait pareille à la figure d’une femme qui va mourir… Une pensée imprévue, terrible, fulgura dans son esprit, l’éclaira d’une sourde et brusque lueur. Il cria :

— Josanne ?…

Elle étendit le bras vers le cabinet où dormait Claude, et elle murmura :

— Il reste… mon petit garçon !

Et elle ne supplia point, elle ne sanglota point ; sa tête glissa des genoux de Noël au bord du divan. Son corps plié, prosterné, fléchit lentement, s’affaissa, sembla disparaître…

Elle n’était pas évanouie, mais elle s’étonnait de vivre encore. La voix de Noël venait à son oreille comme à travers des épaisseurs d’eau… Elle s’aperçut qu’il la soulevait, qu’il l’étendait, qu’il lui mettait un coussin sous la tête… Ses cheveux défaits chatouillaient ses cils… Une épingle piquait sa nuque. Elle ouvrit enfin les yeux, et pleura.

— Allons ! dit Noël, calmez-vous, ma pauvre Josanne.

Elle continua de pleurer, sans mouvement. Noël recommença de marcher par la chambre. Une chaise le gênait. Il l’écarta. De temps en temps, il balbutiait une phrase qu’il n’achevait pas…

Le petit Claude, troublé dans son sommeil, appela :

— Maman !…