Page:Tinayre - La Rebelle.djvu/259

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Je n’ai pas été admirable, oh ! non !… Je n’ai pas pu me dévouer entièrement, me sacrifier entièrement… J’étais jeune. J’avais besoin de bonheur… et la vie était si dure, si dure !… Alors…

— Quoi ?… Parlez !… vite !…

— J’ai… j’ai aimé…

Elle attendait un cri, un soupir… Le silence tomba sur elle.

— J’ai aimé… de tout mon cœur… Oui, je croyais que j’avais le droit…

Elle s’interrompit, défaillante… Elle sentit la main de Noël se crisper sur sa tempe… Cette petite douleur, comme un appel, ranima Josanne et, bravement, elle dit :

— Je me suis donnée…

Cette fois, l’homme tressaillit tout entier :

— Ah !… Josanne !… Cela !… Cela que je craignais !… Mon Dieu !…

Et plus bas, comme une plainte :

— Je n’aurais pas cru que cela me ferait tant de mal…

Épouvantée, Josanne se redressa ; elle osa regarder Noël… Il se dominait encore. Il matait sa douleur.

— Noël !… Ah ! mon Noël, ayez pitié de moi ! comprenez-moi !… Qui peut me comprendre mieux que vous ? Vous ne pouvez pas me condamner ; vous ne pouvez pas me mépriser, vous ! J’ai été faible, parce que j’étais malheureuse… Mais je pensais que je ne faisais de mal à personne et que j’avais bien droit…

Il la saisit, la souleva jusqu’à lui…