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— Oui, d’avance, et les yeux fermés…

— Ah ! comme je vous aime !

— Dites-le-moi encore !

— Je vous aime…

— Encore… encore !… toujours !…

— Je vous aime, je vous aime, je vous aime…

Apaisés, enlacés, ils vont dans l’ombre verte, sur la verte mousse. Le sentier côtoie la petite rivière qui luit et glisse, écumeuse dans les remous, argentée sur la pente des barrages, sombre comme une sombre émeraude dans la coupe noire des rochers. Le ravin s’ouvre, s’élargit en vallée pour contenir des prairies, des maisons, un étang couleur d’étain. Et le ciel reparaît, avec des trouées blanches, des flèches de rayons, des nuages en boule qui pèsent sur l’outremer des collines.

L’auberge est là. Il faut pousser la barrière, traverser le potager où fleurissent des pavots rouges et roses. Voici les tables sous les tonnelles, la maison, la salle décorée de peintures. Les mouches bourdonnent dans les rideaux. Une odeur de bière flotte…

La voiture attend dans la cour, sous les acacias poudreux.

Le cocher attelle son cheval, et le patron, qui a du flair, s’approche des jeunes gens… Il vante la beauté du pays, l’air vif, les poissons de l’étang…

— Et puis, quand on veut rester quelques jours, j’ai de gentilles chambres… Il faudra revenir, m’sieur et dame.

— Sans doute… sans doute ! dit Noël…

Et il n’ose pas regarder Josanne qui rougit.

On repart. Le vieux cocher essuie son front, sifflote