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— Ce n’est pas un mensonge ? Vous êtes mieux ?

— Beaucoup mieux.

— Vous ne pouviez pas être malade, aujourd’hui.

— À cause de votre chance !…

— Notre chance, Josanne !

— Non, la vôtre… Tout vous réussit. Partout où nous allons, les gens et les choses vous font accueil. D’un mot, vous imposez votre volonté, vous dissipez la méfiance, vous éveillez la sympathie, vous créez le bonheur. Les filles d’auberge sourient en vous servant ; les cochers vous adorent… Tenez, ce vieux qui nous a conduits, dès la première minute vous avez fait sa conquête : j’ai vu ça…

— Vous avez vu ça !… Comme c’est gentil !… Je le couvrirai d’or, ce vieux ! Il a une si bonne figure !… D’abord, tout me semble beau et bon, aujourd’hui.

— Mais moi, je suis bien ennuyeuse… Une femme, c’est toujours détraqué.

— Une femme, c’est fait pour être protégé, soigné, aimé… Soyez femme, sans honte, soyez faible, soyez même un peu douillette. Vous dépenserez votre énergie avec les autres. Avec moi, vous vous reposerez, vous vous laisserez vivre… comme ça !… Vous êtes bien ?… Vous n’avez pas trop chaud !… Pas mal à la tête ?… Vous riez !… Tant mieux !… Je suis bête avec mes questions !

— Vous êtes… Ah ! il n’y a pas de mots pour dire ce que vous êtes… bon, tendre, exquis… Devenez un peu méchant, dites !…

— Pourquoi ?

— Parce que je vais faire comme le vieux cocher, comme tout le monde… Je vais vous adorer !