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voit un jeune homme qui serre la main de Josanne et qui embrasse le petit garçon…

« Hé ! hé !… pense-t-elle, cette petite madame Valentin !… »


— Vous ! vous, enfin !… Vous êtes là et voilà votre fils !… Je n’en crois pas mes yeux. Parlez, parlez donc !… Dites-moi que c’est vrai…

La voiture roule dans la rue de Rennes. Claude, sur les genoux de Noël, se tient coi. Et Josanne regarde l’ami qu’elle aime, comme s’il avait un peu changé depuis qu’elle l’aime d’amour… Comme il est brusque et tendre, et impatient ! Comme il lui plaît, avec ses yeux émus et sa voix impérative !… Vraiment, elle ne sait que lui dire… Elle le considère avec une sorte de crainte enfantine et de respect…

— Eh bien ?… C’est tout ?…

— Mon ami…

— Vous êtes contente de rentrer chez vous, avec votre Claude ?…

— Et de vous revoir… Oui, je suis contente, bien contente, mais si fatiguée !…

— Très fatiguée ?

— Très…

— Moi, je n’ai pas dormi… Je comptais les heures !… Vous savez, dix-sept jours d’attente, c’est terriblement long… La première semaine, je me tenais. Je me disais : « Elle a besoin de repos. Elle se soigne ; on la dorlote : tant mieux ! Je ne dois pas être égoïste… » Mais la seconde semaine ! Ah ! il était temps que vous revinssiez ! J’étais un homme très malheureux.