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Josanne n’a parlé que de Maurice… Elle a volé à l’amour cette heure qu’elle lui devait. Est-ce possible ?

Elle a dans les yeux des larmes de rage. Honteuse et furieuse, elle souhaite presque que Noël ne soit pas là… Mais il est là… Elle l’aperçoit sur le quai.

Les Beaucerons et la paysanne descendent avec une lenteur gauche, des criailleries et des précautions… Le soldat, jovial, leur passe des paniers, des paniers, des paniers… Puis la sœur descend à son tour, puis le fantassin, puis madame Grancher.

— Donnez-moi l’enfant ! dit-elle.

Elle attrape Claude au vol. Josanne sent que Noël se rapproche, qu’il va la voir, et elle perd la tête.

— Mon sac ?… mon parapluie ?… Ah ! oui… là !…

Elle saute sur le quai.

Noël l’a vue. Il marche plus vite !… Josanne tâche de se débarrasser de madame Grancher.

— Au revoir et merci, madame !

— Au revoir, certainement… Je suis enchantée du hasard…

— Moi aussi…

— Vous avez un jour ?

— Non, je suis trop occupée…

— Chez moi, c’est toujours le dimanche… c’était le mercredi, autrefois… Mais le dimanche, mon gendre et ma fille viennent de Rambouillet… Madeleine sera très heureuse de vous revoir…

— Excusez-moi, madame. Je ne reçois personne et ne fais point de visites… mon deuil… le travail…

Noël, tout près, a entendu la fin de la conversation. La vieille dame, en s’éloignant, tourne la tête : elle