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— Voilà ce qu’il aurait fallu aux Nattier : un garçon comme celui-là.

— Monsieur Nattier regrette donc ?…

— C’est un gros chagrin… Entre nous, je crois qu’il ne souhaitait pas un enfant, tout de suite… Mais l’idée qu’il n’en aura jamais, jamais… C’est pénible, c’est même vexant… On n’a pas l’air d’être comme les autres… Je vous assure, madame Valentin, que ce jeune ménage est bien à plaindre…

— Vous les voyez souvent ?

— Très souvent. Madame Nattier est liée avec ma fille.

Josanne voudrait bien savoir si madame Grancher parlera d’elle, de Claude, à sa fille et aux Nattier… Elle voudrait bien savoir ce que pensera Maurice et s’il souffrira un peu. Elle ne l’aime plus, mais, si elle s’est détachée de lui, elle ne s’est pas encore, tout à fait, désintéressée de lui. Elle craint vaguement un retour, une visite possible…

Le train dépasse les talus des fortifications. Madame Grancher s’écrie :

— Enfin !

— Quoi donc ?

— Nous arrivons.

— Déjà !

— Comment, déjà !… Je ne suis pas comme vous : le temps me dure en voyage !… Mais, avec vous, madame Valentin, c’est un plaisir…

Josanne, fébrilement, rassemble son sac, deux ou trois petits paquets. Elle éprouve une sorte de colère contre madame Grancher qui lui a gâté le charme de la rêverie et de l’attente… Hélas ! depuis une heure,