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Une lueur passe dans les yeux bleu sombre de Josanne, et c’est avec un accent indéfinissable qu’elle répond :

— Une jolie femme, une jolie dot, un vieil oncle riche et quasi moribond… C’était trop beau ! monsieur Nattier ne peut pas avoir tous les bonheurs.

— Vous en avez des idées, vous ! dit la vieille dame, déconcertée et choquée. Il est vrai que vous, ma pauvre madame Valentin, vous n’avez pas eu de chance… Alors…

— Je ne me plains pas. Je suis indépendante ; je gagne bien ma vie, et j’ai mon fils…

Elle attire Claude, arrange son col et ses boucles châtaines, le contemple avec fierté.

C’est un charmant petit garçon, dont toute mère serait orgueilleuse… Et Josanne pense à Maurice, — le père ! — qui ne pourra jamais dire : « Mon fils ! » à un autre enfant. Il lui semble, tout à coup, qu’elle est vengée, au delà même de son désir.

« Voilà donc l’explication de son silence et de son absence : la maladie de sa femme… J’espère bien qu’il ne reviendra jamais. Et pourtant, il doit penser à Claude, plus qu’autrefois, depuis cet accident… »

— Maman, tu me serres trop…

Le petit se délivre de l’étreinte.

— Il est vif ! dit madame Grancher.

— Et volontaire !

— Une santé superbe !

— Et intelligent !…

— Ça se voit… Il vous ressemble, madame Valentin.

— On le dit.