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trouve dans sa femme son associée, sa confidente, la collaboratrice de ses travaux, la complice dévouée de ses ambitions. Aucune femme, plus que la Française, n’est apte à ce beau rôle… »


Ici, l’auteur examinait les transformations probables du mariage, déjà modifié, très profondément, par le divorce… Josanne devinait, à l’ironie discrète de certaines phrases, qu’il n’avait pas beaucoup de respect pour les vieilles formes et les vieilles formules, et que les « réalités vivantes » l’intéressaient bien autrement que les entités sacro-saintes.

« Quel est ce monsieur que les préjugés n’aveuglent pas ?… »

Elle regarda le nom : « Noël Delysle… » Et tout de suite, sans aucune raison, elle imagina un homme au visage sérieux et fin, prunelles bleues et barbe grise, qui habitait une antique maison, près de la Sorbonne…

Elle ne sentait plus l’ennui de l’attente, et la fatigue de rester debout, elle oubliait Maurice… Elle pensait…

« Comme c’est vrai, tout ça !… Je demanderai le livre à mademoiselle Bon. »

Mademoiselle Bon s’occupait des syndicats, des congrès, des mutualités, des œuvres d’assistance, tandis que Josanne, au Monde féminin, faisait un peu de tout, de la mode, de la bibliographie, la « Petite Correspondance » et les « Menus de la semaine ».

Néanmoins, elle s’intéressait aux idées, et la question dite « féministe » lui était devenue familière… Elle avait l’esprit net et hardi, l’imagination généreuse, avec un sang chaud, et des nerfs vibrants, qui la