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Et le caquetage puéril des deux vieilles jacassait doucement.

On arriva.

L’église était petite et sombre, voûtée en berceau, parsemée d’étoiles d’or sur fond bleu. Dès l’entrée, on respirait l’odeur des roses blanches, de l’encens évaporé et des cierges éteints… Sept ou huit, seulement, brûlaient devant l’autel privilégié d’une chapelle, et la gardienne, à chaque instant, soufflait une flamme agonisante, fichait un cierge neuf sur le candélabre aux pointes de fer…

Les fidèles étaient peu nombreux, ce soir-là. Des vieillards, des servantes, quelques dames, les jeunes filles d’un pensionnat.

L’autel s’illuminait. Le prêtre et les enfants de chœur parurent. Une religieuse s’assit à l’harmonium, donna le ton d’un cantique. Les jeunes filles du pensionnat se mirent à chanter. Le prêtre aussi chantait, et les femmes, et les vieillards, et mademoiselle Miracle. Cela faisait un chœur de voix grêles, inexpressives et cependant émouvantes, dominées par la voix puissante du prêtre et la voix nasillarde du bedeau :

        De Marie
        Qu’on publie
  Et la gloire et les grandeurs…

Josanne, seule dans l’église, ne chantait pas, mais les parfums, les feux tremblants, les voix pures pénétraient son âme où, depuis la seizième année, s’étaient défleuris les lis de la foi. La tendresse profane s’imprégnait de poésie chrétienne, de chasteté suave et de tendre humilité. Et, d’un geste oublié, Josanne