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clameur des cloches, et Josanne vit seulement, sur la place, la blouse du facteur qui s’éloignait.

Elle descendit l’escalier en courant, marcha sur les œillets du jardin et faillit casser la petite clef de la boîte aux lettres… Enfin !

Elle tenait l’enveloppe bleue, comme naguère, un soir d’automne, l’Angelus tintant au clocher, elle avait tenu l’enveloppe bariolée de timbres italiens et marquée d’une écriture inconnue. Et ce soir-là, vraiment, quelque chose était entré dans sa vie qui avait grandi jusqu’à remplir toute sa vie, — qui était devenu sa vie même.

Elle remonta dans sa chambre et, toute haletante, elle lut :

Mercredi soir, 10 heures.

« Mon amie, mon unique amie… »

Deux lignes seulement, sur la feuille de papier bleuâtre… Et sur une autre feuille :

Jeudi soir.

« J’ai voulu vous écrire, cette nuit, après avoir lu votre lettre. Je n’ai rien trouvé à vous dire que ces mots… Et je les trace encore, sur cette page, parce qu’ils contiennent tout, parce qu’ils expriment tout, ce que vous savez, ce que vous ne savez pas, tout : ma pensée, mon désir, mon rêve, ma gratitude, ma tendresse, tout !…

» Mon amie, mon unique amie !…

» Si vous les comprenez, ces mots, que j’écris d’une main tremblante, avec un voile sur les yeux, ne me