me dites aujourd’hui. Ah ! vous ne m’aimez pas du tout.
— Oh ! Renée… Vous me plaisez infiniment, je vous assure…
— Oui… oui… je sais… Mais, un beau matin, vous aurez votre « crise », comme dit Suzanne Vernet. Vous me direz que je ne satisfais point votre cœur, que vous avez rencontré l’ange, la Béatrice…
— Vous affirmiez, tout à l’heure, que j’étais un « sceptique sensuel »…
— Oui, mais vous avez tant d’imagination !…
Elle se leva. Appuyée au fauteuil de Noël, elle pencha vers lui sa tête blonde…
— Beaucoup d’imagination, des nerfs et pas de cœur…
— J’admire comme vous me connaissez bien.
— On retournera ensemble à Bellagio !… Ah ! vous avez bien changé, depuis Bellagio ! Il y avait un je ne sais quoi, dans vos lettres de Florence !… Et, depuis votre retour, je n’ai eu de vous que le… minimum !… des heures, par-ci, par-là… des billets trop spirituels pour être tendres… Nous dînons ensemble, ce soir ?… J’ai envie d’aller au Pavillon Chinois…
— Ah ! non, pas là…
— Pourquoi ?
— D’abord, ce soir, c’est impossible… J’ai trop de travail…
— Dieu ! que vous êtes assommant, avec votre travail !… Mais je n’en crois rien… Vous attendez une femme… la Béatrice… l’âme sœur !
— J’attends une lettre, très importante…