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II


La demie de six heures sonna. Pour la deuxième fois, Josanne faisait le tour des galeries, s’arrêtant parfois pour feuilleter des revues et des livres. Les commis, en souriant, la dévisageaient.

« Mon Dieu !… pourvu qu’il vienne !… Il faut que je sois rentrée à sept heures. Pierre a besoin de moi Et le petit !… Il était bien pâlot, ce matin !… La femme de ménage brûlera le dîner ou cassera des assiettes, comme l’autre jour… J’aurai une scène, sûrement. Ah ! Maurice !… Maurice !… »

Elle avait les pieds glacés, les joues ardentes, et la colère chauffait sa tristesse, l’enfiévrait.

Autour de l’Odéon, la nuit, la pluie, le glouglou du ruisseau gonflé, l’éclaboussement des flaques… Des gens se réfugiaient sous les arcades, pour s’abriter et, des parapluies mouillés, l’eau dégoulinait sur le dallage.