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dispose de nous. » Sans doute, elle ne pouvait pas quitter Pierre Valentin… Mais c’était le devoir de Maurice de ne pas consentir — pas tout de suite ! — au suprême mensonge que la nécessité leur imposait. Elle espérait vaguement qu’il protesterait, qu’il se révolterait, qu’il chercherait — et trouverait — avec elle, quelque moyen d’éviter la honte de la supercherie, l’obligation du partage…

Il dit seulement :

— Nous n’avons pas de chance !… Je ne me doutais pas… car… enfin… tu aurais dû prévoir… Tu n’es pas une jeune fille !… Que faire, à présent ?… Ton mari acceptera-t-il ?…

Elle frémit, mais, redevenue maîtresse d’elle, elle répondit :

— Sois tranquille. Il ne t’arrivera aucun ennui : je m’arrangerai…

Alors il la consola, il la cajola. Elle restait glacée, et elle ne savait plus si elle aimait encore Maurice…

C’était fini. Tout le charme romanesque de leur liaison disparaissait : l’idylle tournait au drame. Maurice n’était pas fait pour ces choses-là… Il se fit envoyer en Allemagne par le grand ingénieur Lamberthier, son patron. Et il voyageait encore quand le petit Claude vint au monde…

Josanne était délivrée depuis cinq semaines quand il la revit, dans leur petite chambre. Elle entra, pâlie, maigrie, toute faible d’avoir monté l’escalier. Elle avait dans ses yeux plus grands comme un souvenir des douleurs récentes, et l’ombre de la mort qui l’avait touchée. Dans ses bras, gauche et craintive, elle portait son fils, — leur fils.