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papiers qu’elle éparpilla. M. Delysle lui demanda si elle travaillait beaucoup, si elle était contente. Et il ajouta :

— J’ai lu vos articles… Quelques-uns m’ont paru très jolis.

Comme il ne disait pas : « Ils sont tous jolis », elle le sentit sincère, et fut très flattée de ce demi-compliment.

— Vous lisez donc le Monde féminin, monsieur ?

— J’y suis abonné, madame !… depuis le mois d’octobre.

— Par curiosité ?

— Et aussi par reconnaissance…

Elle sourit. La fleur opaline éclairait ses doigts délicats, ses poignets blancs, la blouse de soie noire, la fine chaînette de jais… La figure attentive de Josanne restait un peu au-dessus de la lampe, dans la lumineuse pénombre, et ce qui attirait, ce qui fascinait maintenant Noël Delysle, c’étaient les mains, — les deux mains pâles, nerveuses, expressives, où brillait l’or mat d’un seul anneau.

— Ainsi, reprit-il, je sais tout ce que vous faites, où vous allez, qui vous voyez… La veille de Noël, vous étiez à la « Crèche Alsacienne », le 1er janvier à la Villa Bleue… Vous avez écrit un petit article très touchant, sur la Villa Bleue !… Le 3 février… Vous étiez de méchante humeur, le 3 février !… Vous avez dit des malices, très voilées, très polies à l’auteur d’un roman féministe…

— Parce qu’il représentait des féministes de fantaisie, des exaltées !… C’était le pavé de l’ours, ce roman !