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qu’il fût entre elle et les autres hommes, entre elle et l’amant futur qui viendrait…

Enhardi par la solitude, il se rapprocha, et il répétait : « Josanne !… ma chère Josanne !… » d’une voix triste, tendre, pénétrante, d’une voix que Josanne reconnaissait, hélas ! qui éveillait en elle les échos profonds du désir, et qui s’insinuait, caressait, touchait son âme et ses sens à la place vive et secrète…

Elle résistait, détournant la tête pour ne pas voir le visage aimé, les yeux… Ah ! ces yeux bleus de Maurice !…

— Je vous en conjure… Laissez-moi !… Allez-vous-en !…

— Josanne…

— Non !

— Josanne, au nom de l’amour ancien !… Nous fûmes heureux quelquefois, Josanne !… Rappelle-toi !… Promets-moi que tu me laisseras revoir Claude… C’est à Claude que je pense… Écoute !… Je ne te demande rien que tu ne puisses m’accorder… Revoir Claude… pas chez toi… dehors…

— Non !… non !…

— Tu ne peux pas me refuser ça, maintenant… Tu m’as pardonné… Maigrie ta douleur, et mes fautes, vois, nous sommes ensemble, je tiens ta main, et tu vas pleurer… Josanne, qui fus ma Josanne, tu peux bien me bannir de ta vie, tu ne me banniras pas de toi-même, et jamais je ne t’oublierai, et jamais tu ne m’oublieras…

Il perdait la tête, il ne savait plus ce qu’il disait :

— L’amour ne peut pas, ne doit pas renaître entre nous, mais en te revoyant, là, tout à l’heure…