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Claude ?… Mais il avait aimé Josanne, il l’aimait encore, et leur fils représentait leur passé d’amour, l’espèce de droit que l’homme garde — ou croit garder — sur la femme qu’il a rendue mère.

— Et Claude ?… dit-il enfin.

— Vous vous rappelez son existence !

— Il y a une heure que je me contrains pour ne pas vous parler de lui, répondit Maurice sans même s’apercevoir qu’il mentait. Je voulais que la femme pardonnât, et maintenant la mère pardonnera peut-être…

— Claude est à Chartres, pour quelques mois encore. Il va bien.

— Vous le reprendrez avec vous ? Il restera près de vous, toujours, n’est-ce pas ?

— Qu’est-ce que ça vous fait ?

— Je pense que vous serez moins triste, quand il sera là… moins seule… Ah ! Josanne, il faudra l’aimer beaucoup.

— Vous n’allez pas m’apprendre comment je dois aimer mon fils !… Vous auriez mauvaise grâce !…

— Pardon ! dit-il, confus.

Ils revenaient de la Concorde vers le Louvre. Le crépuscule tombait.

Maurice songea qu’il était tard. Sa femme l’attendait. Il n’avait plus rien à dire à Josanne, — rien qu’un souhait absurde, contraire à toutes ses habitudes de prudence, — souhait qu’elle ne voudrait pas entendre, et qu’elle n’exaucerait pas…

Il hésitait… Le souhait tremblait sur sa bouche, incertain, honteux, comme un aveu d’amour coupable…