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— Il faut que je vous parle… une minute seulement… Ne croyez pas… que j’aie voulu… Enfin quoi que j’aie fait, je ne suis pas un misérable…

— Je ne veux pas vous écouter. Je ne vous connais plus.

— Josanne, ce n’est pas possible… Il y a eu, entre nous, trop de choses… Nous ne pouvons pas vivre comme cela, vous me méprisant, et moi portant votre mépris… Depuis que je vous ai vue, dans le bateau, je vous cherche, je rôde autour de votre journal : je vous écris des lettres que je déchire… Croyez-moi, mon Dieu ! croyez-moi !

Elle l’interrompit :

— Quoi ? que voulez-vous ?… Que pouvez-vous dire ?

Il comprit qu’elle l’écouterait, et, cessant de supplier, il répliqua :

— Vous devez à vous-même de m’entendre… J’ai eu des torts envers vous. Vous me détestez, soit !… Mais il ne faut pas que ma faute… s’il y a faute !… déshonore à vos yeux tout le passé.

— Le passé !… De quoi est-il fait, ce passé ?… De toutes mes souffrances, de toutes mes humiliations… Ah ! votre prudence, votre manière de rejeter sur moi toutes les responsabilités !… Vous n’étiez guère généreux, ni brave !… Notre passé !…

— Josanne, je le répète, j’ai eu des torts… mais je vous ai aimée…

— Aimée !…

Elle eut un retour de colère :

— Aimée ! quelle dérision !… Et puis, que m’importe ?… Tout ça, votre amour, mon amour, notre