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La jeune femme alluma une bougie, examina le paquet, enveloppé de papier blanc, lié de ficelle rouge, chargé de timbres étrangers.

— De Naples !

La ficelle coupée, le papier déchiré, elle vit une étroite et longue boîte en sparterie, tressée et nouée de rubans, et, dans la boîte, cinq ou six camélias d’un blanc très pur, enveloppés d’ouate. Il y avait une carte, sous les fleurs : « Noël Delysle, Albergo Reale, Posilipo », envoyait à madame Josanne Valentin « ses vœux de bonne année et ses hommages ».

Elle prit les fleurs et, délicatement, les démaillota, une à une… Leurs beaux pétales semblaient ciselés en pleine cire et l’on eût dit, à les voir, en la perfection de leur blancheur, que leur pulpe mate, épaisse et fine, ne se fanerait jamais.

Josanne versa de l’eau dans un tube de cristal, disposa les fleurs, les porta sur la cheminée. Et ces actes, machinalement accomplis, la divertirent de son chagrin.

Sa montre marquait neuf heures : elle chercha des biscuits dans le buffet de la cuisine, mit une bouilloire sur la lampe à alcool ; le thé fut bientôt prêt. Elle mangea et but, assise sur le divan, sa tasse posée sur un escabeau, à la lueur de la bougie. Ses cils étaient moites encore. Une mèche, détachée de son chignon, tombait sur son épaule.

Le peintre, au-dessous, continuait son tintamarre.

La glace de la cheminée doublait les beaux camélias qui avaient fleuri pour Josanne, — si loin de Josanne ! — dans quelque jardin tout jaune d’oranges mûres, au pays de Graziella.