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plus foncé que les violettes, s’émurent devant l’image évoquée :

« Maurice !… »

Elle attendait son amant…


Aux bureaux du Monde féminin, revue d’art, de littérature et de modes, où Josanne était, tout humblement, secrétaire de la secrétaire de la rédaction, elle avait trouvé un billet de Maurice Nattier :

« Je dois aller chez ma mère vers cinq heures, et je dînerai à Passy, chez Lamberthier… L’Odéon est sur mon chemin et sur le vôtre : attendez-moi devant le bureau des omnibus à six heures. Je serai exact, cette fois… Mille tendresses de votre ami… »


Sous les initiales de la signature, il y avait un post-scriptum :

« Accordez-moi pourtant le quart d’heure de grâce… »


Josanne avait compris : Maurice viendrait à six heures et demie, — s’il venait !

Que de fois, pendant ces quatre années, si tristes de leur liaison, que de fois elle l’avait attendu ainsi, dans un bureau d’omnibus, dans un jardin public, dans une église, comptant les minutes sous le regard amusé des passants !… Que de fois elle était partie, pleurante, humiliée, parce qu’il n’était pas venu !… Il l’aimait, pourtant, — quand il était là, — il l’aimait à sa façon négligente et douce, un peu lâche : et il était trop faible pour se reprendre, trop prudent