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composé de beaux groupes avec la fondatrice, la directrice et les dames du Comité, — puis la doctoresse, la pharmacienne et les infirmières ; et les pensionnaires enfin, qu’il avait fait asseoir, dans une pose calculée pour atténuer leurs ventres.

— Ça, c’est mon triomphe ! avait-il dit à Foucart. Il n’y en a pas une seule qui ait vraiment l’air d’être enceinte !… J’ai mis les plus grosses et les plus laides tout au fond, et devant, rien que des jeunes et gentilles… C’est charmant !

À Josanne aussi, Foucart avait recommandé d’ « atténuer les ventres » :

— Songez que votre article sera lu par des jeunes filles. Il faut qu’elles puissent n’y comprendre rien…

Madame Platel, la directrice, une femme jeune encore, grave, douce, avec de beaux yeux désabusés, reçut Josanne et mademoiselle Bon dans son bureau. Elle leur expliqua les origines de l’œuvre et le mode de fonctionnement.

— Nous recevons trente filles, à toute époque de la grossesse, et nous les gardons jusqu’aux premiers symptômes de l’accouchement. Alors, une voiture d’ambulance, toujours prête, les transporte à la Maternité ou à la Clinique… En cas d’accident, notre doctoresse-accoucheuse leur donne des soins, et nous avons une petite nursery tout aménagée… Bien entendu, nous connaissons le nom et l’état civil de nos pensionnaires, mais elles sont assurées de notre discrétion, et les infirmières, les surveillantes même, les désignent par des numéros… Pendant leur séjour ici, nous les employons à des ouvrages de couture qui leur sont payés, intégralement, à leur départ… Et nous essayons