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Il quittait sa retraite. Il traversait le salon vide quand madame Mathalis l’appela :

— Monsieur Chartrain ! Venez vite ! J’ai besoin de vous…

Elle était toute tremblante.

— Qu’y a-t-il ?

— Venez par ici, je vous prie, dans ma chambre… Jacqueline n’est pas bien… Vous êtes son voisin le plus proche et son meilleur ami. Vous lui sacrifierez bien le souper… Il faudrait la ramener chez elle…

— Quel ennui je vous cause ! dit Jacqueline doucement.

Du seuil de la chambre, éclairée par une veilleuse, Étienne l’apercevait étendue sur une chaise longue. Le vif arôme des sels anglais le prit à la gorge. Il s’approcha.

— Je suis mieux, bien mieux ! dit la jeune femme. Voulez-vous envoyer chercher une voiture, ma bonne Suzanne ? Et puis, ne vous inquiétez pas de moi. Songez à vos invités. Au revoir, et merci, ma chère amie.

Madame Mathalis sortit. Jacqueline se souleva…

— Je suis ridicule, n’est-ce pas ? fit-elle avec un sourire douloureux… Je n’aurais pas dû chanter… Je n’aurais pas dû venir… Je…