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Elle ne trouva rien à répondre… Ses sanglots faiblirent.

— La vie est mal faite ! gémit-elle… Ceux qui s’aiment sont toujours séparés… Comment allons-nous vivre maintenant, Étienne ?… Depuis un an, je n’avais qu’une pensée, qu’un amour : vous, toujours vous… Comment pourrez-vous oublier nos entretiens, nos promenades… cette soirée ?… Vous serez donc seul dans la vie ! Qui vous aimera comme je vous aimais, pauvre ami.

— Ne parlez pas au passé, dit-il à genoux près d’elle… Jacqueline, vous m’aimez encore… Je n’en veux pas, je n’en puis pas douter… Votre tendresse m’enveloppera, me réchauffera toujours. Nous ne supprimerons rien de cette divine tendresse en fermant nos lèvres aux baisers. Vous êtes aussi belle qu’hier. Je vous chéris plus encore. Mais l’obstacle oublié s’est dressé entre nous.

Elle lui tendait les bras et, malgré lui, il cherchait la place chérie entre l’épaule et la poitrine, où il avait reposé sa tête au jour de la grande douleur. Elle couvrit son front, ses cheveux de baisers lents, incertains, dont elle avait à peine conscience… Et sous ses baisers, évocateurs