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Augustin aperçut Mme Manolé debout contre la porte à claire-voie, en plein soleil. Elle regardait la route et semblait attendre quelqu’un.

« Monsieur de Chanteprie !… Vous venez de Hautfort ?

— Oui, madame, je vais aux Roches.

— Vous n’avez pas rencontré un cycliste en détresse ?

— Non, madame.

— C’est extraordinaire ! »

Elle rit, d’un rire enfantin. »

« Je vois Barral, égaré, fourbu, poussant sa machine et cherchant sa route… Monsieur Barral est un ami ; je l’attends pour déjeuner, ou plutôt je ne l’attends plus.

— Il aura manqué le train.

— C’est possible… Mais puisque vous voilà, monsieur de Chanteprie, je veux vous faire visiter la maison. Vous verrez que je ne l’ai pas enlaidie. La mère Testard ne cesse de dire : « La Parisienne est comme le maître… Elle aime l’ancien ! »

Elle ouvrit la porte. Augustin entra dans la cour nettoyée, sablée, fleurie.

« Je suis en robe du matin… À Paris, je n’oserais pas me montrer dans ce négligé, mais nous sommes des campagnards… »

D’une main, elle relevait sa longue blouse en soie de Chine, couleur de maïs, sans ceinture, ample et molle, dont les plis caressaient son corps nonchalant. Un chapeau en paille rustique, couronné de coquelicots, s’abaissait un peu sur sa nuque, et les