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point sur l’autel intérieur de votre âme un être pécheur comme vous, mortel comme vous. Aimez votre femme et n’adorez que Dieu. L’homme est le chef de la femme. L’autorité lui appartient, autorité réglée par la justice et tempérée par l’affection. Vous devrez gouverner votre épouse, mon cher Augustin, la maintenir dans son devoir, la défendre contre les tentations, la protéger contre sa propre faiblesse. Vous êtes responsable de son salut, puisque vous êtes son chef, puisqu’elle ne doit que vous obéir et vous suivre. Mais comment la gouverner, si vous ne savez pas vous gouverner vous-même ? comment la conduire, si vous vous égarez ? comment la reprendre, si vous cédez à ses caprices, à ses larmes, à ses caresses ?… Elle sera vertueuse et soumise, direz-vous. Hélas ! elle sera toujours femme, et sa beauté, sa vertu même, sa faiblesse surtout, lui donneront des armes mystérieuses dont vous éprouverez la puissance.

» Voilà pourquoi je demande à Dieu qu’il vous donne la grâce de clairvoyance et la grâce de force. Je le prie ardemment de bénir votre mariage, afin que ce mariage accroisse vos mérites en assurant votre bonheur. Demeurez éloigné de la passion autant que de l’égoïsme. Et si vous trouvez dans votre épouse une foi chancelante ou mal instruite, alors, ô mon enfant, affermissez-la, éclairez-la, par la parole, par l’exemple, par une sollicitude de chaque moment. Saisissez cette âme avec une sainte violence : triomphez d’elle pour la sauver, emportez-la par les chemins de l’éternelle vérité jusqu’à la vie éternelle. Apprenez-lui, apprenez au monde ce que peut l’amour d’un chrétien… »