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mademoiselle Courdimanche disent que l’abbé Chavançon, leur cousin, ami intime des Loiselier, estime infiniment cette famille…

— Si je désire me marier ! s’écria Augustin, on dirait que j’ai supplié mademoiselle Courdimanche de me donner une femme de ses mains. Depuis quinze jours, elle ne me parle que des vertus, des talents, des grâces de mademoiselle Loiselier. Et le capitaine, l’abbé Le Tourneur, M. Chavançon et vous-même, ma bonne mère, tout le monde me répète en chœur : « Marie-toi !… Marie-toi !… » C’est obsédant !

— Ah ! mon enfant, que dites-vous ! Que je vous presse de vous marier ?… Certes, je ne suis pas l’ennemie du mariage, bien que je connaisse les grandes peines inséparables de cet état. Mais vous n’avez pas la vocation du sacerdoce, et l’Église voit avec déplaisir le célibat des laïques… Il faut donc penser à vous marier.

— C’est l’avis de M. Forgerus… Il m’écrit une lettre de conseils et de félicitations, comme si j’étais déjà fiancé… Voyez plutôt…

— Il tendit la lettre à sa mère. Madame de Chanteprie lut, à mi-voix :

« J’ai longtemps prié avant de vous écrire, mon cher enfant. Le conseil que vous implorez ne peut vous venir que de Dieu ; mais je voudrais, en éclairant votre conscience, vous préparer à bien entendre ce conseil.

» Je ne pense pas que vous souhaitiez le mariage comme le souhaitait votre patron saint Augustin, lorsqu’il n’était pas encore saint, lorsqu’il aspirait