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habillés étaient des Parisiens. Une voilette de dentelle cachait la figure de la plus jeune. La plus âgée avait un petit visage tout en rides, amusant et fatigant par sa mobilité. Elle portait un sac de nuit, une face-à-main, une ombrelle, et tous ces objets, secoués, heurtés, entrechoqués sans cesse, menaçaient la mère Testard, qui recula.

— Quoi que vous demandez ?

— Je veux voir M. de Chanteprie.

— M. de Chanteprie ? Il n’est pas ici.

— Que me disait donc le facteur ?… Il m’a envoyée ici… C’est pour la petite maison, vous savez ?

— Oh ! madame vient pour acheter les Trois-Tilleuls ?… Si madame veut entrer un moment et se reposer ?… Not’maître doit venir tout de suite… Not’maître, M. de Chanteprie… Nous sommes ses métayers.

— Viens-tu dans la maison, Fanny ?

— Non, ma tante. Allez vous reposer à l’ombre. Moi, ça m’amuse de regarder la cour.

— C’est pourtant pas beau, dit la fermière. C’est tout en démence, ces bâtiments-là. Faudrait des réparations. Ah ! si not’maître était un homme comme les autres… mais il aime la vieuxture. Il respecte l’ancien.

— Il est vieux, votre maître ?

— Il a p’t-ét’ ben vingt-trois ans.

— Et il est riche ?

— Pas très riche, pas pauvre non plus… Est-ce qu’on sait ?… Sa mère, elle donne tout aux curés. C’est des nobles.

— Je vois le monsieur, dit en riant la jeune femme, un élève des Jésuites, joli comme un cœur,