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LA MAISON DU PÉCHÉ

Georgette ? L’avait-on renvoyée, sans lui accorder le moindre repos ?

— Jacquine a reçu une visite aujourd’hui, dit madame Angélique ; sa petite nièce est venue la voir. Augustin rougit et demeura coi, le nez sur son assiette.

— Notre pauvre A’ieille est souffrante, reprit la mère. Elle voulait prendre une femme de journée pour l’aider à faire les confitures, car voici la Saint-Jean ; les groseilles ont fini de mûrir. La fillette va rester quelques jours chez nous, et notre pauvre vieille se reposera.

— Madame est bien bonne, dit Jacquine ; l’enfant couchera dans ma chambre et ne gênera personne ici.

— Surveillez-la bien. Vous en êtes responsable, Jacquine. Ne la laissez pas sortir toute seule, et courir les rues de Hautfort… Et rappelez-vous qu’elle ne doit jamais aller au pavillon : Augustin n’aime pas qu’on le dérange.

— Oui, oui, je comprends… On ne le dérangera pas, notre Augustin.

^ladame de Ghanteprie ne reparla plus de la fille rousse ; mais, le lendemain, Augustin aperçut Georgette dans le potager. Elle avait quitté sa camisole peu décente, et portait une robe de Jacquine, une robe noire, trop longue, trop étroite, et qui la serrait cruellement. Un tablier bleu noué à la taille, un panier au bras, le chapeau rabattu sur le front, elle cueillait les groseilles mûres. De loin, par-dessus la haie qui séparait le potager du jardin, on apercevait son chignon roux, flambant dans la lumière.

La cueillette des groseilles dura deux jours : deux