Page:Tinayre - La Maison du péché, 1902.djvu/56

Cette page n’a pas encore été corrigée
42
LA MAISON DU PÉCHÉ

— Mademoiselle ?… — Si c’était un effet de votre bonté, monsieur, pourriez-vous me dire où demeure ma tante ?

— Vous ne savez pas où demeure votre tante ?

— Je ne l’ai pas vue depuis dix ans. Elle est en service à Hautfort-le-Vieux, chez des nobles. Je vais la saluer avant que j’aille en place, dans un château. Elle s’appelle Jacquine, ma tante, Jacquine Férou.

— Jacquine !

— Un drôle de nom, pas vrai ? Moi, je m’appelle Georgette.

Augustin la regarda.

C’était une fille de seize ans, déjà femme. Sa figure semblait plus jeune que son corps. Il y avait quelque chose d’enfantin dans le contour du menton, dans les yeux verdâtres, dans la tendre nuance des joues, où le sourire creusait des fossettes délicieuses.

— Je vais vous conduire chez votre tante, fit le jeune homme.

Et il ne dit plus une parole.

La voiture s’arrêta au carrefour des Trois-Routes, derrière la maison des Chanteprie. Augustin siffla. Un petit palefrenier accourut, stupéfait de voir le « patron » avec une demoiselle inconnue, très mal mise, ramassée sur le chemin.

— Honoré, va chercher Jacquine, dis-lui que sa nièce est arrivée… Bonjour, mademoiselle. Vous pouvez attendre ici.

Il s’en alla, contrarié, furieux contre Georgette et contre lui-même.

Une heure plus tard, il retrouva sa mère dans la salle à manger. Jacquine servait. Qu’avait-on fait de