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Et madame Angélique priait :

« Nous vous recommandons, Seigneur, l’âme de ce malade, et nous vous prions. Seigneur Jésus, qui avez sauvé le monde, de mettre dans le sein des Patriarches cette âme pour laquelle votre miséricorde vous a fait descendre sur la terre. Reconnaissez, Seigneur, votre créature qui n’a point été créée par des dieux étrangers, mais par vous seul. Dieu vivant et véritable, parce qu’il n’y pas d’autre Dieu que vous… Seigneur, réjouissez son âme par votre présence et ne vous souvenez pas des anciennes iniquités et des faiblesses que la colère ou la fureur d’un mauvais désir a excitées en elle. Car, encore qu’elle ait péché, elle n’a pas abandonné la foi du Père, du Fils et du Saint-Esprit ; mais elle l’a conservée ; elle a eu le zèle de Dieu gravé dans son cœur, et a fidèlement adoré Dieu qui a fait toutes choses. »

Un insecte couleur de cendre tournait au-dessus de la lampe, jusqu’à ce que son petit corps, collé au verre, grésillât. Les pétales des roses blanches tombaient un à un sur la nappe du petit autel. Dehors, une voix féminine appelait :

— Jeanne !… Berthe !… Cora !… Marie !…

La Chavoche gronda :

— Du vinaigre, encore… Cette eau est chaude… De l’eau fraîche, vite !… Non ! personne avec moi… Laissez-nous !… Je veux l’aider dans ce passage, toute seule… Ah ! comme il baisse… Oui, oui, va, je suis là, ta vieille, ta Chavoche !… Je vas t’endormir comme autrefois… Ah ! pauvre ! pauvre !… Quelle pitié !… Il râle… Il souffre !… Et j’ai vécu si vieille pour voir ça !… Ah ! guérisseuse de malheur !… Ah ! vieille bête