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« Voilà que je parle comme Jacquine !… Pourquoi n’ai-je pas les pensées et les émotions que je devrais avoir, moi, chrétien, moi qui viens de recevoir un Dieu ? C’est la nature qui combat la grâce, jusqu’au dernier moment… »

Il s’efforça de prier, de penser à l’éternité. Mais l’idée chrétienne de la mort, qui était en lui si nette, si vive, si torturante pendant la confession, s’évanouissait peu à peu… Et l’idée humaine de la mort dominait, substituant une appréhension toute physique aux affres de l’esprit.

« C’est le démon qui rôde, songea Augustin. Il faut pourtant que je me recueille… Je dois, je veux me recueillir… »

Il récita mentalement une prière, mais ses yeux attachés sur la fenêtre mesuraient le déclin du jour… Un rayon oblique touchait le côté droit de l’embrasure, et reculait, reculait sur le mur blanc… Une heure passa. Jacquine entra, avec une lampe, et Augustin dit d’un ton de colère :

— Non ! non !… emportez-la !

— Mais il fait nuit, mon cher fieu !

Il murmura :

— Oui… la nuit commence…

Et, comme si ses forces s’en étaient allées avec le jour, il s’étendit, la tête en arrière, les bras abandonnés. Une tristesse plus amère que la mort débordait son âme, et, jusqu’à la nuit noire, il ne bougea plus.


Les Courdimanche étaient partis, en promettant de revenir dans la soirée ; madame de Chanteprie et