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secours que je demandais, ce saint viatique… Oh ! non… non… je n’ose plus…

— Pourquoi donc ?

— J’ai peur…

— Vous avez peur de quoi ?… de la mort ?… Mais votre état, très grave, assurément, n’est pas désespéré… La grâce de l’extrême-onction, que vous avez reçue au début de votre maladie, a opéré en vous un véritable miracle… Déjà Dieu vous a conduit aux portes de la mort pour vous ramener à la vie… Peut-être…

M. de Chanteprie fit un signe de dénégation.

— Eh bien ? dit l’abbé, quand même Dieu vous rappellerait à lui, vous ne devriez pas manquer de courage, ni de confiance, vous, un Chanteprie, vous, un chrétien !

Le visage du jeune homme se décomposa :

— J’ai peur, répéta-t-il, — et sa voix n’était plus qu’un souffle. — J’ai peur… de Dieu !

— Mais c’est de la folie ! dit M. Le Tourneur stupéfait. Vous avez peur de Dieu ! Vous n’osez pas recevoir le gage de notre rédemption, la sainte hostie ?…

— Je ne suis pas digne…

— Aucun de nous n’est digne de devenir le vivant tabernacle du Dieu vivant. Mais, si nous ne sommes par nous-mêmes que corruption, n’oublions pas que Jésus nous couvre de ses mérites et lave nos souillures de son sang divin… Vous avez péché, mon fils ; pourtant votre pénitence sincère, votre foi que le monde n’a pas ébranlée…

Augustin gémit :