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à ces bêtes qui se terrent pour mourir. Ce matin-là, seulement, il avait parlé ; il avait exprime sa volonté de communier en viatique, et l’on attendait l’abbé Le Tourneur.

Dehors, une clochette argentine tinta, et tinta encore en se rapprochant. Mademoiselle Cariste ouvrit la fenêtre. Elle aperçut le curé qui passait sous la porte Bordier avec son enfant de chœur. Le capitaine Courdimanche, tête nue, accompagnait le bon Dieu, et des femmes rangées, au seuil des masures, faisaient le signe de la croix.

Les yeux brouillés de larmes, mademoiselle Cariste se retira. Elle alluma les cierges trop hauts pour les chandeliers et, trempant un rameau de buis dans l’eau bénite, elle aspergea le sol de la chambre et les draps du lit. La porte s’ouvrit enfin, et mademoiselle Desfosses annonça :

— Voilà le bon Dieu qui vient.

Aussitôt les trois femmes, et la Chavoche même, s’agenouillèrent.

Un murmure d’oraisons emplissait le long corridor, et l’enfant de chœur parut, en robe rouge, tenant la clochette d’argent dans sa main gauche et dans sa main droite un cierge allumé. M. Le Tourneur suivait, portant le ciboire qu’il déposa pieusement entre les flambeaux du guéridon. Et tous les assistants sortirent.

Alors le prêtre vint s’asseoir au chevet d’Augustin et l’engagea à réciter le Confiteor. M. de Chanteprie, soutenu par les oreillers empilés, parlait à voix basse. Il avouait des langueurs et des distractions pendant la prière, de secrètes impatiences, un sentiment inexpli-