Page:Tinayre - La Maison du péché, 1902.djvu/40

Cette page n’a pas encore été corrigée
26
LA MAISON DU PÉCHÉ

dans l’enclos, un carré de ciel, un pan de colline surplombante, les tuiles rouges et brunes des toits étages. Le cloître fermait trois côtés seulement. La charpente de la voûte, incurvée et toute pareille à l’ossature du Léviathan marin, retombait sur des piliers de briques. Le soleil frappait les vitraux d’une petite chapelle adossée aux arcades et projetait sur les dalles une lumière bleue qui tremblait.

Forgerus examina les plaques commémoratives fixées au mur. La plus ancienne portait une longue épitaphe latine. Sous les dalles, foulés aux pieds des passants, reposaient in spem resurrectionis messire Jean de Ghanteprie, maître des requêtes, dame Catherine Le Féron, sou épouse, messire Jacques de Ghanteprie, messire Gaston de Ghanteprie, mort à Utrecht en 1709, et la « sœur Thérèse-Angélique de Ghanteprie, morte à Port-Royal, le 14 de may 1661, exhumée le 4 avril 1711 ». Des inscriptions plus récentes rappelaient les noms de M. Pierre de Ghanteprie, de dame Juliette Silvat, son épouse, et de Jean de Ghanteprie, leur fils.

« Adhémar n’est pas enseveli dans le caveau de famille », pensa M. Forgerus.

Il sortit pourvoir l’église, toute proche, consacrée à saint Jean. La messe venait de finir. Il n’y avait plus devant l’autel, qu’une femme prosternée et un sacristain en surplis trop court qui arrangeait des pots de fleurs blanches.

Dans la nef centrale, une lumière dorée tombait des hautes fenêtres aux vitres dépolies, mais les nefs latérales étaient baignées d’ombre, et les fameuses verrières de la Renaissance y scintillaient, d’un éclat doux et chaud, plus vivant que l’éclat des pierreries.