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XXIX


Un dimanche de septembre, M. de Chanteprie parut à la grand’messe, et la nouvelle de son retour, colportée de salon en salon, de boutique en boutique, courut bientôt Hautfort-le-Vieux.

Cependant l’abbé Le Tourneur promenait sa joie dans les familles pieuses qui avaient vu sa confusion. Il louait Dieu de l’avoir choisi comme l’instrument indigne d’une œuvre de salut : car lui seul, l’abbé Le Tourneur, ecclésiastique prudent et sage autant qu’expérimenté, lui seul avait guidé madame de Chanteprie, conseillé M. Forgerus, retenu M. Courdimanche dont le zèle maladroit eût tout compromis. Et, poussé à la sévérité par un excusable ressentiment personnel, M. Le Tourneur se montrait plus janséniste que tous les Chanteprie ensemble. Oui, ce prêtre indulgent, qui se faisait gloire d’être « opportuniste », ce doux M. Le Tourneur, si habile à manier les fra-