Page:Tinayre - La Maison du péché, 1902.djvu/35

Cette page n’a pas encore été corrigée
21
LA MAISON DU PÉCHÉ

murs, quatre gravures au burin encadrées de noir représentant M. Litolphi Maroni, évêque de Bazas, M. Gondrin, archevêque de Sens, M. Ghoart de Buzenval, évêque de Beauvais, et M. Nicolas Pavillon, évêque d’Alet, en Languedoc.

Forgerus descendit, traversa le « Bosquet » de bouleaux, d’acacias, de frênes et de peupliers argentés. La grande maison apparut, muette et close, à l’autre bout du jardin. Les lignes parallèles des tilleuls fuyant vers elle semblaient se rapprocher, et rétrécir la perspective. Entre ces murs de feuillage, le tapis des parterres se déroulait, brodé par les rubans sombres des buis, et découpé par les allées en rectangles innombrables. C’était un jardin à la française, ordonné comme une tragédie, pompeux comme une ode, où la science du jardinier avait tout prévu, tout réglé, sans rien laisser à la fantaisie de la nature. Naguère plein de soleil et d’ennui, avec ses gazons ras et ses eaux jaillissantes, avec ses quinconces et ses charmilles on avait dû l’admirer comme le chef-d’œuvre de M. d’Andilly. Ruiné par le temps, il s’embellissait de sa ruine. Le gazon n’était plus qu’une herbe de pré, drue et vivace, qui débordait sur les allées, parmi les feuilles mortes et les cailloux. Des branches mal taillées rompaient la ligne des charmilles, et çà et là des gaines de marbre qui avaient porté des torses robustes ou charmants, se dressaient comme des monuments funéraires.

À pas lents, sur la terrasse, M. Forgerus marchait. Un rayon dorait obliquement les troncs des tilleuls et l’on entendait chanter les cloches légères. La Salutation angélique montait comme la voix virginale de